Alfred de Zayas, ONU Genève - Peu importe les affirmations des politiciens interventionnistes, des médias et de certaines organisations non-gouvernementales, le Venezuela n’atteint pas le niveau de «crise humanitaire».
Il est vrai qu’il y a une pénurie de certains aliments (1) de médicaments et d’articles d’hygiène personnelle, des retards de distribution, de longues files d’attente pour les produits alimentaires rationnés, une inflation galopante. Il y règne aussi de l’angoisse, des irrégularités
institutionnelles et constitutionnelles (comme dans tant d’autres pays y compris l’Europe) – mais les hyperboles ne servent à rien, surtout pas au peuple vénézuélien dont les vrais besoins résident en une solidarité internationale, de la bonne foi et de l’aide humanitaire. La «crise» du Venezuela est une crise économique qui est, cependant, très éloignée des «crises humanitaires» que l’on connait à Gaza (2) au Yémen (3) en Libye (4) en Syrie (5) en Irak (6) en Haïti (7) au Mali (8) en République centrafricaine (9) au Soudan (10) en Somalie (11) au Myanmar (12).
Il est intéressant de
remarquer qu’en 2017, lorsque le Venezuela a demandé l’aide médicale au
Global Fund, la demande a été rejetée, car «il s’agissait encore d’un
pays à hauts revenus … qui n’était donc pas éligible.» (13)
«Pour résoudre ses problèmes immédiats, le Venezuela
a besoin d’une entrée facilitée de médicaments et de nourriture, sans
conditions préalables. Les Nations Unies devraient concentrer leur
effort sur la promotion du dialogue entre le gouvernement et
l’opposition.»
Pas de crise humanitaire
Au cours de mes huit jours de visite au Venezuela,
j’ai abordé les questions de la pénurie de nourriture et de médicaments
avec des experts de la FAO (14) (Organisation des Nations Unies pour
l’Alimentation et l’Agriculture) et de la CEPAL (15) (Comisión Económica
para América Latina y el Caribe). (16) Le rapport de décembre 2017 de
la FAO ainsi que le rapport de mars 2018 listent 37 pays en situation de
crise alimentaire. Le Venezuela n’en fait pas partie.
Ne pas oublier la situation d’avant Hugo Chavez
Grâce au PNUD (Programme des Nations Unies pour le
développement), nous avons pu organiser une réunion avec toutes les
agences de l’ONU et d’autres organisations régionales opérant au
Venezuela dans le but de coordonner les services consultatifs et
l’assistance technique, initiative qui a porté ses fruits peu de temps
après. (17)
Dans ce contexte, il est également utile de se rappeler la
situation au Venezuela durant les années précédant l’élection d’Hugo
Chavez, (18) lorsque les programmes restructurant du FMI (Fonds
monétaire international) comprenaient des mesures radicales d’austérité
et la privatisation de services publics, dont l’électricité. Une
pauvreté extrême et un mécontentement social se sont développés et ont
entrainé d’importantes manifestations publiques et la réponse militaire
gouvernementale de 1989 connue sous le nom de Caracazo fut soldée par le
massacre d’environ 3000 paysans.
L’élection d’Hugo Chavez en 1998 était
une manifestation de désespoir face aux politiques néo-libérales des
années 80 et 90, un choix démocratique reflétant un profond
mécontentement populaire à l’égard de la corruption omniprésente et de
l’énorme fossé entre les super-riches et les plus démunis. (19)
En 1998,
la Commission interaméricaine des droits de l’homme a condamné le
Caracazo et d’autres actions du gouvernement de Carlos Andres Perez, en
transmettant le cas à la Cour interaméricaine qui, en 1999, a estimé que
le gouvernement de Perez avait violé la Convention américaine et commis
des exécutions extrajudiciaires. Le gouvernement vénézuélien, dirigé
par Chavez à ce moment-là, n’a pas contesté les constatations et a
accepté l’entière responsabilité des actions de l’ancien gouvernement.
Effondrement du prix du pétrole et guerre économique
Quelles sont les causes de la crise économique
actuelle au Venezuela? La presse mainstream nous fait croire qu’elle est
due exclusivement à l’échec du modèle socialiste … trop d’idéologues,
trop peu de technocrates, des amateurs ne sachant pas gérer l’économie.
D’autres ont mis l’accent sur la corruption, (20) dont l’existence était
déjà un problème majeur dans le Venezuela pré-Chavez.
Même si une part
de vérité se cache dans ces affirmations et malgré le lancement d’une
solide campagne anti-corruption par le procureur, (21) d’autres facteurs
pèsent dans la balance, le prix du pétrole notamment, l’une des
principales sources de revenus du Venezuela.
Les médias parlent rarement
de la guerre économique menée contre le Venezuela depuis 1998, du Coup
d’Etat de 2002 inspiré par les Etats Unis, du sabotage de l’économie par
le secteur privé et des monopoles nationaux et internationaux, de
l’accumulation de nourriture et de médicaments ensuite revendus sur le
marché noir, de l’impressionnant niveau de la contrebande de nourriture
et de médicaments vers la Colombie, le Brésil et Aruba, des conséquences
des sanctions d’Obama et de Trump ainsi que celles du Canada et de
l’Union européenne lesquelles ont toutes aggravé la souffrance du peuple
vénézuélien.
Les sanctions: un crime contre l’humanité
Dans la mesures où ces sanctions ont directement et
indirectement causé des pénuries de médicaments indispensables comme
l’insuline ou les médicaments antipaludéens, ainsi que des retards de
distribution ayant engendré de très nombreux décès, elles devraient être
condamnées comme un crime contre l’humanité. Un Rapport d’une
sous-commission des Nations Unies sur la promotion et la protection des
droits humains datant de l’année 2000 condamne ces sanctions comme une
grave violation des droits humains. (22)
Dans les années 1990, deux
secrétaires généraux adjoint des Nations Unies, Denis Halliday et
Hans-Christof von Sponeck, (23) ont démissionné de leurs postes de
«coordinateur à l’aide humanitaire» en Irak pour dénoncer les sanctions
ayant causé la mort de plus d’un million de personnes dans la
population, en particulier celle d’enfants,(24) action qu’ils
qualifiaient de forme de «génocide».
Bien que le gouvernement vénézuélien s’efforce de diversifier l’économie pour réduire la dépendance au pétrole, il a rencontré des difficultés, par exemple, dans l’importation de graines pour augmenter sa production agricole locale. Il est également clair que le pays a besoin d’aide internationale pour produire ses propres médicaments génériques. Compte tenu du degré de contrebande et de sabotage, l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime de Vienne devrait d’abord venir en aide au gouvernement vénézuélien pour s’attaquer aux mafias internationales agissant dans la région.
Le professeur Pasqualina Curci de l’Université de Caracas a publié en 2017 un livre intitulé «The visible hand of the market» [La main visible du marché], analysant la guerre économique et rappelant qu’en 1970, quand Salvador Allende a été élu président du Chili démocratiquement, Richard Nixon a dit à Henry Kissinger que les Etats-Unis ne tolèreraient pas un modèle économique alternatif en Amérique latine et a ordonné de «faire hurler de douleur l’économie chilienne». (25) Quand toutes les sanctions et les boycotts eurent échoués, Allende fut supprimé suite au coup d’Etat de Pinochet en septembre 1973. (26)
Activités concertées en faveur d’un «changement de régime» dans le pays
L’économiste espagnol Alfredo Serrano, à la tête du
Centro Estratégico Latinoamericano de Geopolítica, analyse entre autres
l’inflation induite artificiellement, les chiffres arbitraires de
«Dollar today», la manipulation du «facteur risque du pays», le refus
des banques de traiter les transactions internationales du Venezuela,
les difficultés à obtenir de l’insuline et d’autres médicaments, la
fermeture des comptes bancaires du Venezuela par, entre autres,
Citibank, Commerzbank, Deutsche Bank. (27)
Le refus de la Colombie de fournir les médicaments antipaludéens qui avaient été commandés pour combattre une épidémie en novembre 2017 (28) et l’absence de condamnation de la part de la communauté internationale de ce comportement démontrent le regroupement de certains pays contre le Venezuela pour parvenir au «changement de régime» recherché.
Les
médicaments antipaludéens ont du être importés de l’Inde et le
gouvernement a assuré leur immédiate distribution – à un coût plus
élevé, comme on pouvait s’y attendre.
Les pays continuant à mener une guerre économique contre le Venezuela ne peuvent eux-mêmes plus se lamenter d’être confrontés à une «crise humanitaire», car ils font eux-mêmes partie du problème. Ex injuria non oritur jus [L’injustice n’engendre pas le droit].
Les pays continuant à mener une guerre économique contre le Venezuela ne peuvent eux-mêmes plus se lamenter d’être confrontés à une «crise humanitaire», car ils font eux-mêmes partie du problème. Ex injuria non oritur jus [L’injustice n’engendre pas le droit].
Ce dont le Venezuela aurait besoin …
Pour résoudre ses problèmes immédiats, le Venezuela a
besoin d’une entrée facilitée de médicaments et de nourriture, sans
conditions préalables. Les Nations Unies devraient concentrer leur
effort sur la promotion du dialogue entre le gouvernement et
l’opposition. Hélas, c’est l’opposition qui a demandé aux Etats-Unis et à
d’autres d’intensifier la guerre économique contre le Venezuela, et par
conséquent, les négociations conduites entre le gouvernement et
l’opposition en République dominicaine, soutenues par l’ancien Premier
ministre d’Espagne Rodriguez Zapatero, ont mené à un document équilibré
qui aurait dû être signé par les deux parties le 7 février 2018. Le
gouvernement vénézuélien a signé. Mais, comme l’a rapporté la presse, un
appel de la Colombie a fait échoué le processus de négociations de deux
ans avec un «aucune signature». Qui a donné l’ordre? (29)
… si certains pays ne voulaient pas prolonger les souffrances
Ainsi, il est devenu évident que certains pays ne
veulent pas voir de dénouement pacifique au conflit vénézuélien. Ils
préfèrent prolonger la souffrance du peuple, peut-être en espérant que
les Vénézuéliens se rebellent contre Maduro en l’exprimant par un «voto
castigo» (un «vote de punition»), ou alors que les conditions se
dégradent au point d’atteindre le seuil de «crise humanitaire», ce qui
pourrait servir de prétexte pour une intervention militaire afin
d’imposer ainsi un changement de régime. Du machiavélisme pur.
Machiavélisme pur contre droit international
Il ne fait aucun doute que ce genre d’ingérence dans
les affaires intérieures d’un Etat souverain engendre une flagrante
violation du chapitre 4, article 19 de la Charte de l’organisation des
Etats américains (OAS) stipulant qu’«aucun Etat ou groupe d’Etats n’a le
droit d’intervenir directement ou indirectement, pour quelque motif que
ce soit, dans les affaires intérieures ou extérieures d’un autre Etat.
Le principe précédant exclut l›emploi, non seulement de la force armée,
mais aussi de toute autre forme d›ingérence ou de tendance attentatoire
à la personnalité de l›Etat et aux éléments politiques, économiques et
culturels qui la constituent.» Dans le même esprit, la Résolution 2625
de l’Assemblée générale de l’ONU interdit «non seulement l’intervention
armée, mais aussi toute autre forme d’ingérence ou toute menace,
dirigées contre la personnalité d’un Etat ou contre ses éléments
politiques, économiques et culturels. […]
Aucun Etat ne peut appliquer
ni encourager l’usage de mesures économiques, politiques ou de tout
autre nature pour contraindre un autre Etat à subordonner l’exercice de
ses droits souverains et pour obtenir de lui des avantages de quelque
ordre que ce soit.»
Pas de «responsabilité de protéger»
Similaire à la notion d’«intervention humanitaire» (qui, par exemple, aurait pu être légitimement pratique pour mettre fin au démocide [processus politique
de destruction d’un peuple ou d’une classe sociale] au Cambodge et au
génocide au Rwanda), le nouveau concept de «responsabilité de protéger»
est une doctrine élastique pouvant être invoquée – à tort – pour
intervenir dans un pays étranger.
Il semble que quelques commentateurs
souhaiteraient que la «responsabilité de protéger» [«Responsability to
protect», R2P] soit utilisée pour renverser certains gouvernements,
comme à l’époque celui de la Grenade en 1983 ou de Panama en 1989, ou
encore la campagne antisandiniste condamnée par la CIJ (Cour
internationale de Justice) dans son jugement de l’affaire Nicaragua
contre Etats-Unis.
Il faudrait néanmoins rappeler que la «responsabilité de protéger» est une «déclaration» ne pouvant remplacer l’interdiction de l’utilisation de la force, que l’on retrouve dans l’article 2(4) de la Charte des Nations Unies. Il ne s’agit pas seulement d’une déclaration ou d’un principe, mais du jus cogens, ou d’une «norme impérative de droit international général acceptée et reconnue par la communauté internationale dans son ensemble en tant que norme à laquelle aucune dérogation n’est permise» (article 53 de la Convention de Vienne sur les droits de traités). Un Etat ne peut dans aucun cas invoquer la «responsabilité de protéger» sans l’approbation du Conseil de Sécurité. (30)
Les bruits de bottes provoquent une inquiétude internationale
Pourtant, les bruits de bottes accrus provoquent une
inquiétude internationale. N’importe quelle intervention militaire au
Venezuela constituerait une agression selon la définition de Kampala du
crime d’agression de la CPI (Cour pénale internationale). (31) Les
représentants gouvernementaux liés à la planification et à l’exécution
d’une telle agression devraient être mis en examen conformément au
statut de la CPI. Ici j’avoue avoir de la sympathie pour une autre
responsabilité de protéger, la responsabilité de protéger les gens de la
guerre et de la violence. Donc, la protection doit être réalisée au
mieux en fournissant une aide humanitaire sincère, sans agenda politique
caché.
Conclusion
Le Venezuela est un peuple souverain qui a le droit à
l’autodétermination tel qu’il est stipulé dans l’article premier du
Pacte international sur les droits civils et politiques et du Pacte
international sur les droits économiques, sociaux et culturels. Tant
Chavez que Maduro ont été élus démocratiquement dans des élections
contrôlées par des observateurs internationaux, dont ceux du Centre
Carter. Si nous nous sentons liés à la démocratie, nous devons respecter
leur choix.
Après tout, le Document final du Sommet mondial des Nations
Unies de 2005 a réaffirmé clairement que «la démocratie est une valeur
universelle basée sur la volonté librement exprimée des gens de
déterminer leur systèmes politique, économique, social et culturel et
leur pleine participation à tous les aspects de leur vie.» Le document
final du Sommet met l’accent sur le fait que «la démocratie, le
développement et le respect des droits humains et des libertés
fondamentales sont interdépendants et se renforcent mutuellement», et il
souligne que «même si les démocraties partagent des caractéristiques
communes, il n’existe pas de modèle démocratique unique.» (32)
La solution à la crise vénézuélienne se trouve dans des négociations de
bonne foi entre le gouvernement et l’opposition, dans la fin de la
guerre économique et la levée des sanctions, dans le multilatéralisme.
Conformément au principe de solidarité internationale, (33) les agences
de l’ONU devraient fournir des services consultatifs et de l’assistance
technique au gouvernement vénézuélien, les Etats riches devraient
faciliter l’aide humanitaire en coordination avec des organisations
neutres comme le Comité international de la Croix-Rouge.
La priorité du
jour doit être d’aider le peuple tout en respectant la souveraineté de
l’Etat vénézuélien. Mon rapport au Conseil des droits de l’homme propose
des solutions constructives.
(Traduction Horizons et débats)
1 https://venezuelanalysis.com/analysis/13478
2 Norman Finkelstein, Gaza, University of California Press, 2017
3 https://www.c-span.org/video/?c4670011/murphy-young-yemen-murphy-saudis-deliberately-create-famine-yemen
4 https://reliefweb.int/report/libya/unicef-libya-humanitarian-situation-report-july-september-2017
5 https://www.icrc.org/en/where-we-work/middle-east/syria
6 https://reliefweb.int/report/iraq/mosul-humanitarian-crisis-01-june-2017-enarku
7 https://reliefweb.int/report/haiti/haiti-humanitarian-situation-report-april-2017
8 https://reliefweb.int/report/mali/unicef-mali-humanitarian-situation-report-april-june-2017
9 http://www.unhcr.org/news/press/2018/1/5a659f6ca/global-report-10-under-reported-humanitarian-crises-2017.html
10 https://www.unocha.org/story/south-sudan-humanitarian-crisis-catastrophic-proportions
11 https://www.care.org/emergencies/somalia-humanitarian-crisis
12 http://www.aljazeera.com/news/2018/02/rohingya-allowed-return-myanmar-180213195617187.html
13 https://plataformalac.org/en/2017/02/global-fund-denies-humanitarian-support-to-hiv-people-of-venezuela/
14 http://www.fao.org/3/a-br323e.pdf
15 https://venezuelanalysis.com/news/12754
16 http://www.fao.org/giews/country-analysis/external-assistance/en/
17 http://www.ve.undp.org/content/venezuela/es/home/presscenter/articles/2016/12/08/gobierno-de-la-rep-blica-bolivariana-de-venezuela-y-naciones-unidas-fortalecen-cooperaci-n-en-materia-de-prioridades-nacionales.html. http://mppre.gob.ve/?p=22182
18 https://revista.drclas.harvard.edu/book/venezuela-1980s-1990s-and-beyond.
19 https://www.imf.org/external/pubs/ft/silent/index.htm.
20 https://www.pastemagazine.com/articles/2017/06/whats-the-matter-with-venezuela-its-not-socialism.html
21 https://www.hispantv.com/noticias/venezuela/369245/tramas-corrupcion-pdvsa-perdidas-millonarias
https://www.hispantv.com/noticias/venezuela/352168/fiscal-saab-acusa-luisa-ortega-desfalco-petrolera
22 http://www.ohchr.org/Documents/Events/WCM/MarcBossuyt_WorkshopUnilateralCoerciveSeminar.pdf, E/CN.4/SUB.2/RES/2000/25
23 A Different Kind of War: The UN Sanctions Regime in Iraq. New York, Oxford: Berghahn Books, 2006.
24 https://www.unicef.org/newsline/99pr29.htm
25 https://nsarchive2.gwu.edu//NSAEBB/NSAEBB8/nsaebb8i.htm
26 Peter Kornbluh, The Pinochet File: A Declassified Dossier on Atrocity and Accountability. A National Security Archive Book. The New Press, 2003
27 http://www.celag.org/las-pruebas-del-crimen-economico-venezuela/amp/
28 http://www.colombiainforma.info/santos-bloquea-venta-de-medicamentos-a-venezuela/
29 http://www.el-nacional.com/noticias/mundo/rodriguez-zapatero-pidio-oposicion-suscribir-acuerdo-dialogo_222314
30 https://documents-dds-ny.un.org/doc/UNDOC/GEN/N12/457/95/PDF/N1245795.pdf?OpenElement para 14.
31 https://www.ejiltalk.org/what-exactly-was-agreed-in-kampala-on-the-crime-of-aggression/
32 http://www.un.org/en/development/desa/population/migration/generalassembly/docs/globalcompact/A_RES_60_1.pdf, para 135.
33 http://www.refworld.org/pdfid/593ab06c4.pdf
2 Norman Finkelstein, Gaza, University of California Press, 2017
3 https://www.c-span.org/video/?c4670011/murphy-young-yemen-murphy-saudis-deliberately-create-famine-yemen
4 https://reliefweb.int/report/libya/unicef-libya-humanitarian-situation-report-july-september-2017
5 https://www.icrc.org/en/where-we-work/middle-east/syria
6 https://reliefweb.int/report/iraq/mosul-humanitarian-crisis-01-june-2017-enarku
7 https://reliefweb.int/report/haiti/haiti-humanitarian-situation-report-april-2017
8 https://reliefweb.int/report/mali/unicef-mali-humanitarian-situation-report-april-june-2017
9 http://www.unhcr.org/news/press/2018/1/5a659f6ca/global-report-10-under-reported-humanitarian-crises-2017.html
10 https://www.unocha.org/story/south-sudan-humanitarian-crisis-catastrophic-proportions
11 https://www.care.org/emergencies/somalia-humanitarian-crisis
12 http://www.aljazeera.com/news/2018/02/rohingya-allowed-return-myanmar-180213195617187.html
13 https://plataformalac.org/en/2017/02/global-fund-denies-humanitarian-support-to-hiv-people-of-venezuela/
14 http://www.fao.org/3/a-br323e.pdf
15 https://venezuelanalysis.com/news/12754
16 http://www.fao.org/giews/country-analysis/external-assistance/en/
17 http://www.ve.undp.org/content/venezuela/es/home/presscenter/articles/2016/12/08/gobierno-de-la-rep-blica-bolivariana-de-venezuela-y-naciones-unidas-fortalecen-cooperaci-n-en-materia-de-prioridades-nacionales.html. http://mppre.gob.ve/?p=22182
18 https://revista.drclas.harvard.edu/book/venezuela-1980s-1990s-and-beyond.
19 https://www.imf.org/external/pubs/ft/silent/index.htm.
20 https://www.pastemagazine.com/articles/2017/06/whats-the-matter-with-venezuela-its-not-socialism.html
21 https://www.hispantv.com/noticias/venezuela/369245/tramas-corrupcion-pdvsa-perdidas-millonarias
https://www.hispantv.com/noticias/venezuela/352168/fiscal-saab-acusa-luisa-ortega-desfalco-petrolera
22 http://www.ohchr.org/Documents/Events/WCM/MarcBossuyt_WorkshopUnilateralCoerciveSeminar.pdf, E/CN.4/SUB.2/RES/2000/25
23 A Different Kind of War: The UN Sanctions Regime in Iraq. New York, Oxford: Berghahn Books, 2006.
24 https://www.unicef.org/newsline/99pr29.htm
25 https://nsarchive2.gwu.edu//NSAEBB/NSAEBB8/nsaebb8i.htm
26 Peter Kornbluh, The Pinochet File: A Declassified Dossier on Atrocity and Accountability. A National Security Archive Book. The New Press, 2003
27 http://www.celag.org/las-pruebas-del-crimen-economico-venezuela/amp/
28 http://www.colombiainforma.info/santos-bloquea-venta-de-medicamentos-a-venezuela/
29 http://www.el-nacional.com/noticias/mundo/rodriguez-zapatero-pidio-oposicion-suscribir-acuerdo-dialogo_222314
30 https://documents-dds-ny.un.org/doc/UNDOC/GEN/N12/457/95/PDF/N1245795.pdf?OpenElement para 14.
31 https://www.ejiltalk.org/what-exactly-was-agreed-in-kampala-on-the-crime-of-aggression/
32 http://www.un.org/en/development/desa/population/migration/generalassembly/docs/globalcompact/A_RES_60_1.pdf, para 135.
33 http://www.refworld.org/pdfid/593ab06c4.pdf
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