jueves, 26 de diciembre de 2013

Victoire d’un chavisme sans Chàvez

Le 8 décembre dernier les électeurs vénézuéliens étaient appelés aux urnes afin d’élire leurs conseillers municipaux, deuxième scrutin depuis la mort du Président Hugo Chavez et après l’élection contestée de son successeur et héritier politique Nicolàs Maduro. 
Présenté comme un plébiscite par l’opposition comme le pouvoir, le scrutin s’acheva par la large victoire du PSUV asseyant la légitimité du Président de la République Bolivarienne et l’orientation « socialiste » de cette petite puissance régionale mais à la capacité de nuisance des plus irritante pour Washington.
HOUDOU Vincent Le 5 mars 2013, le Vice-Président de la République Bolivarienne du Venezuela, Nicolàs Maduro annonce à la télévision le décès du chef de l’État, Hugo Chavez, à l’hôpital militaire de Caracas victime du cancer contre lequel il luttait depuis plusieurs années.

Un coup terrible pour la gauche radicale latino-américaine dont le « Commandant » était le symbole. Élu contre toute attente en décembre 1998 avec la promesse de construire le « socialisme du XXIème siècle » à contrecourant du discours sur « la fin de l’histoire » par le triomphe de la démocratie libérale sur le communisme soviétique, Hugo Chàvez a entrainé le Vénézuela puis une grande partie de l’Amérique Latine dans une vague rose, si ce n’est rouge. 

À sa suite s’élevèrent Morales en Bolivie, Lula au Brésil, Kirchner en Argentine, et bien d’autres qui, tous, mirent de côté les recommandations du FMI et de la Banque Mondiale pour des politiques sociales en faveur des plus pauvres, de régulations économiques, bien souvent de nationalisation, de redistributions de terres et même dans le cas de l’Argentine le refus de payer une dette publique considérée illégitime. 

Au Vénézuela, ce grand tournant s’accompagna également après l’échec d’un coup d’État à l’initiative des États-Unis d’Amérique selon le pouvoir, d’une grande politique « anti-impérialiste » emmenée par le charismatique Chàvez et financée à plein par la manne pétrolière. Toutefois, avec la mort de son champion, le « petit caïd vénézuelien», comme aimait l’appeler le New York Times, l’avenir du Socialisme Vénézuélien pouvait aisément être remis en question.
 

Quatorze ans de pouvoir, une presse nationale et internationale fondamentalement hostile et une opposition démocratique plus unie que jamais avec le MUD (Mesa de la Unidad Democràtica), alliance historique des conservateurs, chrétiens-démocrates, libéraux et socio-démocrates, autour d’Henrique Capriles, gouverneur de Miranda, pays fédéré le plus riche de la République Bolivarienne.


Si Chavez décrit comme un leader et un orateur né avait encore pu triomphé de cette coalition contre lui fin 2012, pour les élections présidentielles anticipée du 14 avril, l’opposition ne manqua pas de signaler que le nouveau candidat du Parti Socialiste Unifié du Vénézuela, le Vice-Président Maduro, n’était pas Chavez. Le MUD pariaient ainsi sur un découragement des chavistes et une remobilisation des électeurs de l’opposition.
Ce ne fut pas suffisant.


Maduro remporta les élections de justesse, avec 50,75 des vois (loin des 55% de son prédécesseur avec la perte de plus de près de 686 milles voix) tandis que l’opposition soutenue par Washington, Madrid et l’OEA ne manqua pas de contester les résultats en dénonçant des fraudes que les 173 observateurs internationaux n’auraient pas vu et malgré le recomptage de 54% des voix sans rencontrer aucune anomalie majeure.


Ainsi déclaré illégitime par Capriles, le nouveau Président Maduro eut dès lors non seulement à faire face à un puissant mouvement de contestation mais également à un aggravement des conditions économiques. Le Vénézuela enregistrerait 53% d’inflation pour l’année 2013 et même le Monde Diplomatique, soutien indéfectible du Vénézuela sous Chavez qu’on ne saurait donc accuser d’anti-bolivarisme primaire, n’hésita pas à titrer « Le Vénézuela se noie dans son pétrole » dans son numéro de novembre dernier.


En effet, l’argent du pétrole massivement redistribué aurait considérablement amélioré le niveau de vie des Vénézuéliens. Depuis 1998, les Vénézueliens mangeraient en moyenne 50% de calories en plus et le PIB par habitant aurait été multiplié par plus de 2. Toutefois la production nationales de biens de consommation évoluant moins vite que le niveau de vie, les pénuries se multiplient, les capitaux quittent le pays et l’inflation devient galopante.
La situation serait suffisamment dramatique pour que l’Assemblée Nationale ait accordé le 8 octobre dernier le droit au Président de gouverner par décret pendant une année.

Le PSUV accuse par ailleurs les fédérations patronales de favoriser cet état de fait en organisant volontairement certaines pénuries tandis que le MUD joue du mécontentement provoqué par cette situation économique si singulière pour appeler à un changement de majorité après 14 ans de pouvoir pour le parti socialiste et ses alliés.

Ces élections municipales furent dès lors présentées comme le grand plébiscite du gouvernement socialiste et la future démonstration de l’illégitimité du Président pour l’opposition.


Avec 49,24% des voix et 243 municipalités sur 335 remportées par les listes du PSUV et ses listes de coalition du Grand Pôle Patriotique, il s’agit sans aucun doute d’une très grande victoire pour Nicolas Maduro. Il reste par ailleurs encore à ajouter 13 autres municipalités remportées par des alliés du gouvernement (tel que le Parti Communiste) pour un total de 5 833 942 voix et 76% des communes.

Le MUD, lui, ne réunit que 42,7% des voix, 4 841 149 voix avec tous ses alliés pour 81 municipalités.


Henrique Capriles tente dès lors de minimiser cette victoire en s’appuyant  un taux d’abstention de plus de 40%, mais le leader de l’opposition semble bien à bout de souffle après quatre défaites électorales consécutives, avec ou sans Chavez : "J’ai fait tout ce qui est possible. Souvenons-nous que le Venezuela n’appartient pas à une seule personne. Un pays divisé a besoin de dialogue."

Reste à savoir si cela suffira à satisfaire la contestation montante au sein même du MUD contre les choix politiques du groupe. Le Président de la République a de son côté profité de la victoire pour annoncer de nouvelles mesures économiques afin de lutter contre l’inflation dès dimanche soir, place Bolivar à Caracas :

« Nous avons obtenu une grande victoire, le peuple du Venezuela a dit au monde que la révolution bolivarienne continue avec plus de force que jamais. »


Chaviste même sans Chavez, la gauche socialiste vénézuelienne se maintient donc avec force pour le moment, quoi qu’aient pu prévoir une bonne partie de la presse occidentale après la mort du leader historique. Peut-être le chavisme pourrait-il devenir le cadre même de la politique vénézuelienne au même titre que le péronisme argentin. Reste à savoir si la jeune République Bolivarienne, pays parmi les plus corrompu au monde, parviendra à surmonter ses difficultés économiques dans cette orientation.

blog du Master Conflictualités et médiations / Université catholique de l'Ouest







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